25/10/2024 mondialisation.ca  5min #259302

 Moldavie : la présidentielle et le référendum sur l'adhésion à l'Ue atteignent le seuil de participation requis

Moldavie : le désaveu des élites globalistes au référendum européen

Par  Karine Bechet-Golovko

La grande fête européenne n'a pas eu lieu en Moldavie. Il s'agirait même plutôt d'un véritable tour de force. Le référendum pour l'entrée de la Moldavie dans l'UE, que les médias et les élites globalistes annonçaient gagné d'avance, est passé d'un cheveu, grâce au vote aussi inattendu que massif de Moldaves de l'étranger. Personne n'ose parler de manipulation... sinon bien sûr de la part de la Russie.

La Moldavie prend le même chemin que l'Ukraine. Elle aussi vient de modifier sa Constitution pour y inscrire l'intégration européenne. Il y a une forme d'allégeance poussée à l'extrême, poussée au servage, dans cette manière de rendre hommage au suzerain. Si un pays veut entrer dans l'UE, en quoi est-il besoin de modifier la Constitution du pays pour en fixer la volonté, surtout quand cela n'implique en aucun cas une entrée à court terme de ce pays dans l'Union européenne ?

Mais comme le reconnaissent tous les  médias, ce ne fut pas une grande victoire.

La confiance qui régnait dans les rangs pro-européens est brutalement redescendue, sur les coups de 22 heures. Selon les résultats préliminaires de la Commission électorale, basés sur les bureaux de vote traditionnellement prorusses, le « non » était alors loin devant, à 58 %. Le début d'une énorme surprise.

On a même franchement frôlé la défaite. Cela était sans compter l'arrivage massif de votes de l'étranger, à plus de 75% pour l'intégration européenne. Quelle chance... Quelle surprise... Et de constater la division idéologique du pays entre sa capitale et les Moldaves de l'étranger d'un côté, et tout le reste du pays de l'autre.

Après avoir longtemps été devancé, le « oui » l'a finalement emporté pour quelques milliers de voix (50,45 %), grâce aux bulletins de la diaspora qui a voté à 77 % en faveur de l'UE.

En Moldavie comme ailleurs, les élites globalistes sont impopulaires, car elles gouvernent contre la population et contre l'intérêt national.

Là, le rapprochement avec l'UE s'est surtout traduit par le choc inflationniste de 2022, quand la Moldavie s'est détournée du gaz russe et que les prix du gaz ont été multipliés par sept, ceux de l'électricité par quatre.

En effet, comment ces gens pourraient ne pas aimer la « Voie européenne » ? On ne se le demande... C'est certainement à cause de la Russie, qui aurait soi-disant acheté environ 300 000 voix. Il est en effet réconfortant d'accuser la Russie, sinon il faudrait se remettre en cause. Remarquer que la politique menée est impopulaire, ce qui, en démocratie, impliquerait d'en changer. Mais nous ne sommes plus en démocratie.

Alors l'on parle de « l'ingérence russe » pour ne pas parler de la véritable prise en main atlantiste du pays. Deux exemples parmi beaucoup d'autres.

Est-ce une coïncidence, si  l'UE adopte un plan d'aide financière à la Moldavie une dizaine de jour avant les élections ? Je cite :

La Commission européenne a adopté aujourd'hui un plan de croissance pour la République de Moldavie doté d'une enveloppe de 1,8 milliard d'euros et soutenu par une facilité pour les réformes et la croissance pour la période 2025-2027. Ce plan, qui constitue le plus vaste dispositif de soutien financier de la part de l'Union européenne dont la Moldavie ait bénéficié depuis son indépendance, donnera un coup de fouet à l'économie moldave, fera progresser le pays sur la voie de l'adhésion à l'UE (...).

Est-ce une coïncidence si  l'USAID augmente également son niveau de représentation en Moldavie ?

Les Américains de l'USAID introduisent le poste de Représentant adjoint des États-Unis au niveau GS-13 en Moldavie, comme cela a été fait précédemment pour l'Ukraine. (...) Et ces personnes se voient confier des tâches essentielles pour le gouvernement américain et l'agence. Sous couvert de la mise en œuvre de soi-disant « initiatives de transition », les Américains contrôlent le cours de l'État élu. (...) Et ces postes existent presque partout où l'octopus de l'USAID s'est fermement implanté, en plus de l'Ukraine - Irak, Honduras, Colombie, El Salvador, Bosnie-Herzégovine et bien sûr Arménie.

Donc, de quelle ingérence s'agit-il ?

Toujours est-il que la prise en main de nouveaux pays se fait avec de plus en plus de difficultés : l'exemple ukrainien fait peur ; si les élites et les activistes sont achetés, les couches populaires ne font pas preuve d'un grand enthousiasme et n'ont aucune illusion ; la réalité a tué le « rêve européen », qui a objectivement disparu, or il est difficile de vendre un modèle inexistant. Reste la force, la contrainte et la corruption. Mais cela sent la fin de règne. Les élites globalistes sont de plus en plus désavouées. Et Sandu s'attend à un second tour contesté, d'où elle ne sortira pas renforcée à l'intérieur du pays.

Karine Bechet-Golovko

La source originale de cet article est  Russie politics

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